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La Figure de proue


La mer brusque et la Seine attendrie et pallide,
Les pommiers dépassés de clochers triomphants,
Tant d’aspects reflétés au fond de tes enfants
Leur font l’âme qu’ils ont, brumeuse mais solide.

Pareils à leur pays aujourd’hui comme hier,
Il n’est un laboureur au fond des fermes grasses
Qui d’être né Normand ne soit heureux et fier,
Car les tiens sont racés entre toutes les races.

Louange à ton printemps d’aubépines en fleur,
À ton été chargé de grains et de verdures,
À ton automne jaune où les pommes sont mûres,
À ton hiver touffu de givre et de blancheur.

Douceur et force, en toi nulle saison méchante.
Rien qu’air pur, prés féconds, beaux fruits, gras bestiaux,
Nobles cités debout au bord des belles eaux
Et personnalité bonne qu’il faut qu’on chante.

Nous t’aimons ! Qu’à jamais ton savoureux accent
Vive, et tes arbres drus, foncés sur tes ciels pâles,
Ô mère riche en herbe et riche en cathédrales,
Ô toi que, pour toujours, nous avons dans le sang !


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