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Le Poème de l’Estuaire

Mon beau pays m’a dit quand je suis revenue :
– Je te reconnais bien, visage qui souris.
Tu t’avances, ce soir, longeant mon fleuve gris
Dont s’évase, devant la mer, l’ample avenue.

D’où viens-tu donc ? Tes horizons glauques et bleus
Te voient rentrer bien tard, avec d’autres années
Dans l’âme, des soleils différents dans les yeux,
Sur ta bouche le sel des Méditerranées.

N’as-tu pas réchauffé ton visage et tes mains
À la molle douceur des chaleurs étrangères,
Entre tes doigts porté d’exotiques fougères
Et marqué de tes pas les sables sans chemins ?


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