« C’est pour un Juif divin sorti de nos étables
« Que vos orgues s’enrouent et que dansent vos fleurs.
« À nous les papes blancs, l’encens, les saintes tables,
« Toutes les Notre-Dame et tous les Sacré-Cœur !
« Le Ghetto !… N’est-ce pas pour la petite Juive,
« Pour cette Myriam de chez nous, cependant,
« Que tant d’architecture inouïe et naïve
« Se dresse sur l’amas des villes d’Occident ?
« C’est nous, votre au delà, vos terreurs, tous vos râles.
« Nous vous avons tordus du fond de notre Sud,
« Et nous chantons sur vos cités notre Talmud,
« Et vous nous bâtirez encor des cathédrales.
« Que les deux Orients et les deux Occidents
« Nous gardent ! Nous saurons trouver notre royaume,
« Et nous regarderons tourner dans notre paume
« Le monde. Et c’est pourquoi nous rions en dedans. »
— Ainsi, dans le soleil et le sable, au passage,
J’écoutais ce regard au langage muet
Chargé de patience infinie et de rage,
Qui, d’entre les longs cils hypocrites, fluait.