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Comme tout le monde

Léon eût l’air de lui suggérer l’idée qu’elle-même avait eu tant de peine à lui mettre dans la tête.

— Je crois tout de même que tu ferais bien d’aller faire une visite de remerciement à la marquise… finit-il par déclarer avec importance après quelques jours, alors qu’ils déjeunaient.

— Tu crois ?… dit-elle.

Ils discutèrent un moment, au bout duquel Isabelle enfin se laissa convaincre.

— Alors, c’est bon… fit-elle en soupirant. Je vais y aller tantôt, puisque ça te fait plaisir…


Le long de la route encore trempée des averses du matin, c’est Isabelle qui se dépêche, le cœur vif, toute seule dans un peu de beau temps.

Arrivée à la grille du parc, elle s’arrête, terrifiée tout à coup, n’osant pas tirer la lourde chaîne de la cloche.

Elle a revêtu sa belle robe bleue d’hiver, son chapeau des grands jours. De sa main gauche, elle relève sa jupe sur son jupon de soie ; de sa main droite, elle tient son parapluie, son petit sac et son manchon d’astrakan. Elle est essoufflée, elle a chaud. Ses joues rondes sont en feu, ses yeux sont large ouverts, sa frange ardente brille sur