Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
Comme tout le monde

Puis :

— Il ira sans doute au lycée, plus tard ?

— Plus tard ?… fit la marquise avec indulgence, oh non !… Plus tard, il aura un abbé.

Et l’on eût dit que ces gouvernantes et cet abbé fussent, pour le petit marquis, les formes mêmes de la destinée.

Mais la troublante étrangère s’était tournée vers Isabelle, et, montrant Zozo :

— Elle est un peu plus jeune que mon fils, n’est-ce pas ?

Et Isabelle fut prise d’une sorte de honte devant son humble petite fille. Il lui semblait impossible que cette maman si belle, dont le petit était un marquis, voulût bien remarquer l’existence des enfants ordinaires.

D’ailleurs, la marquise s’empressa d’ajouter sur un ton péremptoire :

— Elle sera jolie, votre fille. Elle a de charmants yeux, vraiment.

Et la petite Chardier, flattée jusqu’à l’étranglement, fut, en même temps, assez scandalisée, parce que, dans son monde, on ne fait jamais de compliments des enfants devant eux.

L’auto exécutait un virage. On entrait en ville. La voix autoritaire et chantante de la marquise reprit :