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Comme tout le monde

pareil temps, continue la voix hongroise. Venez donc ! Je vais vous reconduire chez vous !


On avait hissé la voiture du bébé sur la galerie, installé la petite bonne à côté du chauffeur. Isabelle, assise contre la marquise, portait le petit lion endormi sur ses genoux. En face, Zozo, toute raidie de surprise, se tenait immobile sur un des strapontins. Et, comme le chauffeur avait profité de l’arrêt pour allumer ses phares, la marquise venait de tourner le bouton électrique qui éclaire l’intérieur de l’auto. On filait presque sans bruit dans la nuit.

La langue d’Isabelle était paralysée dans sa bouche. Elle ne pouvait même pas remercier madame de Taranne Flossigny. Enfoncée dans les coussins exacts, confortables, elle dilatait ses grands yeux roux, elle regardait le gros bouquet de violettes de Parme qui garnissait le cuir sombre de la vaste et tiède voiture semblable à un salon. Elle examinait des détails précis et luxueux. Elle respirait le parfum venu des longues fourrures de la marquise, sans toutefois oser regarder cette voisine trop belle. Et puis aussi, elle avait peur, à cause de la vitesse insoupçonnée qui l’emportait