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Comme tout le monde

que c’est gentil ! Toute la joie de Noël entre en tourbillon dans le cœur de la jeune mère. Arrêtée au milieu de la pièce, elle laisse pendre, le long de son humble robe du matin, deux mains affublées de ces gants sales. Elle voit, devant ses yeux, scintiller, comme des étoiles, le givre de l’hiver et le sucre des friandises, blancheurs qui furent toujours le décor des charmants et puérils christmas. Mille petites bougies tremblotent sur des sapins enguirlandés de clinquants. Le pudding fume. L’âne et le bœuf sont autour de la crèche. Les trois rois mages apparaissent, balancent l’encensoir à travers un paysage de frimas, — qui d’ailleurs ne fut pas du tout celui de la Nativité, puisque le petit bon Dieu, lorsqu’il naquit, le fit dans la tiédeur éternelle d’une ville orientale.

Mais Isabelle n’a jamais songé à cela, pas plus que ceux de sa race, lesquels, d’une religion juive sortie du sable chaud de la Palestine, sont arrivés à faire naître cette naïve, barbare et magnifique féerie d’Occident, qui va de la cathédrale au petit sabot en sucre.

La voix de la bambine interrompt le songe doré.

— Maman, dit Zozo, veux-tu m’écrire la lettre ?

— Oh oui !… s’écrie Isabelle qui, tout de suite, s’assied à la table. Qu’est-ce qu’il faut dire au petit Jésus ?…