Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

VI

Jours gris


Les jours qui suivirent, Isabelle, au retour de sa promenade quotidienne, alla chaque après-midi prendre des nouvelles de madame Chanduis. La grosse femme du notaire, dans un angle de sa chambre au meuble d’acajou, débordait d’une chaise longue étriquée, et recevait ses intimes, fort peinés, disait le capitaine en retraite Benoît, « de cette luxure de la cheville du pied ».

Isabelle, tout à l’espoir de revoir sur la route Sainte-Marie son marquis à cheval, rentrait chez elle chaque soir le cœur plein d’une déception d’enfant, parce qu’elle ne l’avait pas rencontré.

Le petit rêve confus et caché perdait ainsi chaque jour de son élan. Qu’avait-elle donc imaginé ? Rien. Mais il lui semblait naturel et, pour ainsi dire, légitime de croiser à chaque promenade le fin