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Comme tout le monde

Isabelle, pâmée de fou rire, peut à peine poursuivre. Enfin, les larmes aux yeux, les mains aux côtes, elle reprend :

— Elle chantait aussi : « Il murmure dans un soupir… », et ça devenait dans sa bouche : « Il miourmioure dans une soupière… »

Elle s’est laissé retomber sur sa chaise, sanglotante de rire, tellement amollie qu’elle ne pourrait plus tenir debout. Alors Léon, du fond du journal où il s’est enfoui, dit avec calme :

— Je connais ces histoires, Isabelle. Tu me les as déjà racontées au moins trois fois.

Mais Isabelle ne peut plus s’arrêter. Qu’a-t-elle donc, aujourd’hui, pour être si gaie ? Chancelante, s’appuyant aux murs, elle aime mieux s’en aller dans le jardin pour rire son saoul toute seule. Et Zozo, qui la rencontre en cet état d’hilarité solitaire, se pend, vaguement inquiète, à la jupe de sa mère, et, la regardant de bas en haut, avec des yeux effrayés :

— Maman, tu ris ?… répète-t-elle. Maman ?… Tu ris ?…


Quand elle revint à la salle à manger, ses cils étaient mouillés mais elle avait repris son sérieux. Détendue par cette crise de rire, elle s’assit à sa