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Comme tout le monde

La grosse Chanduis, assise enfin sur une borne kilométrique, ne cesse de se lamenter, ayant tout oublié, sauf son pied. Isabelle propose d’envoyer la petite bonne chercher une voiture en ville. Un flot de paroles agite ces dames. Côte à côte, le petit Paul Chanduis et Zozo, les yeux ronds, regardent, immobilisés.

Au bout d’une demi-heure de détresse et d’hésitation, le coupé du docteur Tisserand paraît.

— Nous sommes sauvées !… crie Isabelle.

Mille signaux arrêtent la voiture du docteur. Les enfants excités tourbillonnent autour du cheval, se poussent, veulent grimper sur le siège, oublient leurs parents, puis recommencent à jouer, heureux de n’être plus surveillés.

On a mis le docteur au courant.

— Je vais examiner tout de suite !… dit-il, avec un visage froid de chirurgien. Si ce n’est qu’une entorse, il n’y a pas grand mal. En tout cas, ma voiture est là, chère madame, pour vous ramener chez vous…

Et comme il porte la main sur la bottine de la notairesse, celle-ci, tout à coup, oublie ses plaintes, et, suppliante, embarrassée, rougissant d’avance de ce qu’on va voir une fois le bas ôté :

— Oh ! docteur, s’excuse-t-elle, ne faites pas attention, je vous en prie, à… au…