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Comme tout le monde

dire un mot, elle saisit Zozo par le poignet et l’emmène, sans se retourner ni dire bonsoir.


Quand elle fut dans son lit, elle sentit qu’elle allait pleurer. On lui avait gâté sa malheureuse petite récréation ; elle l’avait pourtant bien méritée !

Elle essaya, pour se consoler, de s’absorber dans la contemplation de ses petits. Au fond de son lit blanc, à droite du grand lit des parents, Zozo fermait déjà les yeux. À gauche, le petit lion dormait de tout son cœur dans son berceau. Isabelle, la gorge serrée de dépit, les regardait alternativement. Mais son amertume ne s’en amoindrissait pas.

Sa fille tenait si peu d’elle ! Ce soir, elle osait se l’avouer : malgré toute la ferveur maternelle déployée, déjà cette enfant, pour Isabelle, était une étrangère. Seul, l’instinct de la mère, plus puissant que l’incompatibilité, la forçait à aimer passionnément cette petite fille. Quant au bébé, pauvre tout petit, il était encore bien à elle. Mais comme il ressemblait à son père ! Isabelle ne l’avait jamais si bien remarqué. Certes, on voyait déjà, derrière le masque minuscule du poupon endormi, paraître le