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Comme tout le monde

moins, elles se sentent toutes des incomprises. Ne sachant rien dire d’exact, elles voudraient être devinées.

Isabelle préfère retenir ses pleurs et se fâcher.

— Tu me laisses tout faire ! Tu ne viendrais seulement pas m’aider !

Leur dispute s’ajoute aux embarras de la maison, jusqu’à ce que Léon, tout à fait furieux, haussant les épaules à chaque enjambée, sorte en claquant la porte aussi fort qu’il peut.


Le couchant multicolore apparaissait déjà derrière les branches assombries quand Isabelle put enfin pénétrer dans le jardin.

Elle était seule. Crispée d’énervement, elle avait envie de trouver que tout était laid, et de détester aussi le jardin. Mais quelques lys se dressaient autour d’elle dans la première ombre du soir, pareils aux anges gardiens de l’allée ; et leur odeur était si saisissante que la petite femme en fut brusquement émue. Cet accueil du parfum la calmait tout à coup. Elle put regarder les choses avec des yeux bienveillants.

Maintenant son âme de petite fille remontait à la surface, semblait prendre en elle toute la place. Le