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Comme tout le monde

— Ah !… Tu rendras ton mari heureux, toi aussi !… Ce que je le plains d’avance, le pauvre garçon !…

Il s’arrête parce que Zozo, outrée, éclatant en pleurs, vient de sortir en claquant la porte derrière elle. Alors il part d’un mauvais rire.

— Écoute !…. reprend Isabelle véhémente, oh ! Léon !… Écoute !…

Mais lui recule devant elle, le front bas, la bouche crispée sous sa moustache.

— Ce n’est pas la peine !… ricane-t-il amèrement. Je sais ce que tu vas dire : Je n’ai pas le droit de parler, moi !… J’ai trop de choses à me reprocher, moi !… Je ne suis qu’un mari indigne, moi !… Toi, tu t’es toujours sacrifiée pour moi ! Tu as été honnête toute ta vie, et moi je ne suis qu’un misérable !… Un misérable !… Un misérable !…

— Non ! non !… crie désespérément Isabelle. Ce n’est pas ça que je veux dire !… Oh ! Léon !… Écoute !…

Elle s’élance pour l’embrasser. Mais il a bondi en arrière. Et, du même geste que sa fille, bousculant les chaises, il sort en claquant la porte derrière lui.


Isabelle, restée seule, baissa lentement la tête. Debout au milieu de la salle à manger, immobile