Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/322

Cette page a été validée par deux contributeurs.
310
Comme tout le monde

a volé son patron, pris l’argent de la caisse… Puis il s’est affolé… Il a fui n’importe où. Depuis trois jours, il errait dans notre ville, ici, quand, cette nuit, à l’hôtel de France où il était descendu, il s’est tiré un coup de revolver dans la tête… Il ne s’est pas tué… mais il est devenu fou, et j’ai peur qu’il ne reste aveugle… Nous allons le trépaner tout à l’heure… On a trouvé sur lui ses papiers, une longue lettre qu’il adressait à sa femme… J’ai fait télégraphier à cette femme… Elle doit être là, à l’hôpital… Vous pourrez peut-être la voir, lui parler, à cette malheureuse !

Isabelle, les yeux agrandis à mesure que le docteur parlait, n’eut même pas le temps de se récrier d’horreur. Ils étaient arrivés à la porte de l’hôpital ; et, déjà, deux religieuses en voile blanc d’infirmière accouraient à la rencontre du docteur. Le médecin en second apparaissait.

— La femme est arrivée !… Nous vous attendons !

Le docteur présenta vivement Isabelle. Avant de savoir ce qui arrivait, elle se trouva, en même temps que le groupe des autres personnes, dans une chambre d’isolement. L’impression, encore inconnue pour elle, des murs nus sous la lumière électrique, du lit luisant, des vitrines à instruments, de tout l’appareil propre et froid des hôpi-