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Comme tout le monde

tiative et quelque courage, car la minute est venue d’établir définitivement l’ordonnance de la maison.

Elle remonte les escaliers, suivie des deux servantes qui ne l’aident en rien.

— La chambre à coucher sera là !… déclare-t-elle.

Ensuite, redescendue, elle hésite entre les deux grandes pièces du bas. Il s’agit de choisir la plus belle pour en faire le salon. Le salon ! c’est-à-dire la pièce sans intimité, consacrée seulement aux visiteurs, la pièce où l’on ne vit pas, d’où le quotidien est exclu, la pièce qu’on tient fermée et couverte de housses quand les étrangers n’y sont pas ; le salon, forme de cette espèce d’altruisme absurde auquel se plaît la société.

Les hommes, en déballant le piano, constatèrent une éraflure dans le vernis. Isabelle regardait, navrée, cette blessure au flanc de son vieux camarade d’enfance. Puis on trouva de la vaisselle cassée dans les paniers. Un lit manquait.

La paille et le foin s’accumulèrent de-ci, de-là. Les vieux meubles, venus en petite vitesse de Nancy et de la ville d’Isabelle, se rencontraient dans la maison étrangère, comme les deux passés des époux Chardier. La poussière volait. Isabelle, affairée et lasse, donnait des ordres.