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Comme tout le monde

semblait maintenant que ce vieux monsieur n’était qu’une victime. Des drames insoupçonnés se dessinaient dans son esprit. « Est-ce que madame Godin serait méchante pour lui ?… » pensait-elle avec angoisse.

Et, comme un échafaudage de cartes, elle sentait une dernière illusion se démolir rapidement en elle.

On entendit des pas et des voix sur la route. M. Godin s’arrêta de jouer, et ils descendirent tous deux au jardin pour aller au-devant des promeneurs. Et, comme madame Godin, la première, apparaissait au tournant, parmi le crépuscule, dans sa robe grise et son écharpe grise :

— Tiens ?… C’est elle ?… fit M. Godin d’un air d’ironie concentrée… J’ai cru d’abord que c’était une chauve-souris !…

Isabelle, le soir, rentra toute troublée chez elle. Le bavardage de Zozo frappait son oreille sans pénétrer dans son esprit.

« Méchante… ressassait-elle… Cette femme serait méchante… Ces gens ne seraient pas heureux… »

Et cette pensée vivait en elle, déjà lancinante, comme un chagrin qui commence.

Cependant, trois jours plus tard, comme elle allait chercher sa fille, ce fut madame Godin qu’elle