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Comme tout le monde

Et ses yeux roux, fixés sur le coupable, grossissaient soudain, et il se sentait foudroyé par toutes les réprobations.

Du reste, il se mettait tout de suite en fureur, bégayait des jurons ; et, chaque fois, ce résultat pour Isabelle, représentait une réussite. C’était son amusement et sa consolation de le mettre en rage. Quand elle n’y arrivait pas assez vite, elle attendait qu’ils fussent seuls et commençait à le menacer :

— Tu as de la chance que je n’aie pas fait d’esclandre !… Mais je n’ai pas dit mon dernier mot ! Tu verras comment je me vengerai !

— Et comment te vengeras-tu ?… demandait-il, étouffé de colère et d’angoisse.

— Tu verras !… disait-elle, à la fois amère et taquine.

Adversaire sans armes en face de la méchanceté féminine, le malheureux tombait chaque fois dans le piège tendu.

— D’abord, s’essoufflait-il, tu en serais la première attrapée ! Si tu fais un scandale, c’est ma situation que tu perds, et celle de tes enfants, par conséquent !

Isabelle savait cela parfaitement. Elle se l’était dit la première, dès le jour de la découverte. Mais cela l’irritait que Léon lui servit ses propres arguments.