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Comme tout le monde

— Tu vas me fiche la paix avec tes histoires, hein ?… Je ne sais même pas de quoi tu parles !

Alors Isabelle se tourne d’un saut vers lui. Le ton de sa voix change brusquement. Elle aussi donne des coups sur le drap.

— Menteur !… Menteur !… Je t’ai vu entrer dans la maison pour la rejoindre !… Menteur !…

— Je te dis que tu rêves !… crie Léon, livide. De quelle maison parles-tu ?…

— La maison Plumecoq !… hurle Isabelle. Ah ! c’est du propre !

Et, quoique ses yeux flamboient et que sa voix s’enroue, il y a tout de même un coin tranquille de son esprit qui pense : « Est-il bête ! Il n’aurait qu’à dire qu’il allait voir le fossoyeur pour l’achat du terrain dont je lui ai parlé ! Mais il ne trouvera pas ça ! »

Et, en effet, Léon ne trouve pas ça. Il s’entête dans sa colère, sans plus chercher d’explications. En quelques gros mots habituels, le voici qui injurie sa femme.

Or Isabelle, à ces mots qu’elle attendait, s’est ruée sur lui. Elle voudrait bien avoir, en cet instant, l’indignation et l’énergie de madame Plumecoq. Mais elle ne sait qu’accrocher ses mains au col de la chemise de nuit et secouer de toutes ses forces l’homme qui se tait, épouvanté.