Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
Comme tout le monde

Elle avait posé sur la table son couteau et la pomme de terre qu’elle épluchait.

— Oui… murmura madame Chardier, éperdue de honte à cause du rôle que, pour un instant, elle jouait aux yeux de cette vieille proxénète.

Elle avalait sa salive avec peine. Enfin elle put articuler à voix basse :

— Je voudrais une chambre… deux fois par semaine.

Elle reprit quelque assurance pour achever :

— Oui… deux fois par semaine. Disons, par exemple… Voyons ?… Eh bien !… Le samedi… et le mercredi…

— Le samedi si vous voulez, dit tranquillement la mère Pluraecoq, mais pas le mercredi.

— Ah ?… fit Isabelle.

Elle savait. Elle n’avait plus besoin d’autres preuves. Elle fit le geste de s’en aller.

— Voulez-vous voir la chambre ?… demanda la mère Plumecoq en se levant avec empressement.

— Une autre fois… bégaya madame Chardier Je… je suis un peu pressée aujourd’hui…


Elle fuyait sur le chemin, comme une coupable. En passant devant la grille, elle ne songea même