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Comme tout le monde

Par les vitres nues, vite Isabelle avait regardé. Et, tout de suite elle avait eu de la sympathie pour le jardin.

Il semblait grand, ce jardin, assez baroque dans son désordre végétal, dans sa forme oblique et contournée. Isabelle avait grande envie d’y descendre pour se réconforter au soleil, un petit soleil de mai qui jouait entre deux nuages. Mais devant elle, au milieu de la pièce poussiéreuse et sonore, se tenait la petite bonne engagée par Léon, et cette petite bonne expliquait quelque chose.

On lui avait immédiatement mis le bébé dans les bras, et ce poids la faisait pencher d’un côté. Comme elle n’était âgée que de quatorze ans et portait encore jupe courte, elle s’était affublée, sans doute pour avoir l’air plus sérieux, d’un tablier bleu qui lui tombait jusque sur les pieds. Mais, par derrière, on voyait ses mollets. Des mèches trop courtes s’échappaient des épingles avec lesquelles elle prétendait se faire un chignon. Ses yeux bleus débordaient de niaiserie, et son mufle rose était comme gonflé d’un éternel rhume.

Isabelle, d’un regard sec, la considérait. C’était cela sa bonne !

La gamine-servante expliquait, expliquait tant qu’elle pouvait : « La femme de ménage qui devait faire la cuisine ne serait pas libre avant huit jours.