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VIII

Découverte


… « Tu chantes, et tu parles de ta douleur ! »

La phrase malheureuse était restée dans le cœur d’Isabelle comme une lame dans une plaie. Jamais plus elle ne l’oublierait. Désormais elle s’ajoutait, cette phrase, aux surprises douloureuses apportées par la vie ; et la rancune qui remplissait le regard de la mère depuis la mort de son enfant, semblait s’en être accrue encore.

À qui donc Isabelle en voulait-elle ? À l’existence, oui. Mais l’existence, c’est quelque chose de vague qu’on ne peut invectiver, et l’esprit d’Isabelle débordait, depuis deux ans, d’une éloquence accusatrice qu’elle était obligée d’étouffer sous un perpétuel silence.

Ah !… faire des reproches à quelqu’un ! Exhaler cette véhémence intérieure qui la dévorait comme


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