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VII

L’éteignoire


À petits pas distraits, Isabelle suivait l’allée principale de son jardin. Une fois de plus, l’automne se renouvelait autour de son visage penché. Une atmosphère d’or, faite de beau soleil et de feuilles mourantes, l’enveloppait ; et, parmi ces splendeurs, les plis de son châle de laine noire étaient tragiques, sur ses épaules fatiguées. Elle lisait une lettre qu’elle venait de recevoir du petit Louis, retourné depuis deux jours au lycée, après des grandes vacances heureuses.

Deux ans d’emprisonnement avaient laissé le gamin aussi insouciant qu’auparavant. Il semblait même plus gai, plus fort, développé par la gymnastique et les jeux du collège, heureux de vivre, à présent, parmi des camarades de son âge. Ses notes étaient suffisantes, ses professeurs assez satisfaits.