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Comme tout le monde

— Toi, le plus grand, ressassait-elle, comme s’il eût eu dix ans de plus que son frère, tu devrais être plus raisonnable ! Aller si loin de la maison quand le temps n’est pas sûr !… Tu sais pourtant que ton frère tousse facilement ! Je suis certaine qu’il a pris un rhume !

Le petit Louis éternua. Ce fut une catastrophe.

— Vite, Modeste !… Du feu dans ma chambre ! Je vais le frictionner !…

Elle se tourna vers l’aîné, les yeux menaçants :

— Toi, mon ami, tu vas voir si je vais te punir !

Excités, le père, Zozo, les bonnes, joignirent des exclamations de reproche à celles d’Isabelle.

Le jeune Léon se taisait, comme toujours, mais ses yeux brillaient si étrangement qu’on les eût dits pleins de larmes. Il regardait par terre, dans l’attitude de la confusion, et ses joues, salies par le duvet naissant, paraissaient vertes de froid.

Isabelle, tout de même, eut pitié de lui. Elle songea que ses derniers jours de vacances finissaient, qu’il allait retourner tout seul au lycée. Et puis tout le monde le bousculait à la fois, et, vraiment, il avait l’air si malheureux !

Elle haussa les épaules.

— Va te changer !… dit-elle moins durement. Tu es trempé aussi, toi !

Le petit Louis, frictionné devant le feu, réchauffé,