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Comme tout le monde

et son inflexion haute, s’en va du côté de la voix rude et des joues à poils, sans que rien demeure de cette grâce des gamins impubères, pareils à des filles plus nerveuses et plus fines… Oui, la transformation masculine a quelque chose d’irréparable. On se demande pourquoi l’universelle pitié qui entoure les femmes mûrissantes ne s’arrête jamais au spectacle poignant du petit garçon, cette fleur qui devient insensiblement un monsieur.

Isabelle ne pensait guère à tout cela. Elle comparait simplement le petit Louis au petit Léon, et se réjouissait involontairement que, malgré leurs âges rapprochés, l’un fût resté si joli tandis que l’autre devenait si laid.

Ces deux enfants, du reste, s’accordaient bien. Parfois ils faisaient ensemble des parties de bicyclette dans la campagne, et Isabelle se demandait si, lorsqu’ils étaient seuls, son fils aîné parlait quelquefois à son fils cadet.

Entre ses deux frères. Zozo faisait de l’autorité.

Le petit Louis se moquait d’elle. Il la taquinait surtout au sujet de Paul Chanduis, qu’il appelait « son amoureux ». Zozo se mettait en colère. D’ailleurs, imbue de sa supériorité d’aînée et de femme, elle méprisait également les deux garçons.

Il y avait quelquefois des parties de cache-cache au jardin ; et tous trois, sans distinction de sexe ou