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Comme tout le monde

Et notre Isabelle, souriante malgré ses yeux encore gonflés, s’en va, l’âme de bonne humeur, se mettre au lit avec son avoué, ayant complètement oublié qu’elle n’a pas embrassé sa fille Zozo, également endormie, ni dit bonsoir à Léon, son fils, qui, lui, pour l’attendre, ne s’est pas couché.


Dès le lendemain de son retour, la bonne impression d’Isabelle se dissipa. Nous croyons, quand nous sommes bien disposés, que les choses et les gens s’efforceront de nous plaire pour nous maintenir dans notre bonne disposition. Il n’en est rien. Dès le soir, Isabelle était retombée dans son mauvais état.

Toute la journée elle s’était occupée dans la maison, heureuse de reprendre ses habitudes, de retrouver ses aîtres. Elle s’était promenée dans le jardin où triomphait la splendeur des mois chauds ; elle avait écouté le bavardage de Zozo, le rire du petit Louis ; elle avait embrassé vingt fois en douze heures ce chéri retrouvé ; le caquet de la grosse Modeste l’avait amusée. De par cette absence douloureuse, il y avait eu, pour elle, comme une charmante nouveauté dans la vie de tous les jours. Mais, en rentrant le soir de l’étude, Léon, profi-