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Comme tout le monde

ment. Elle allait, avec lui, rentrer chez elle, retrouver ses trois enfants, ses deux bonnes, sa maison, son jardin. Et, pour la première fois de sa vie, elle comprit pleinement ce que signifiait le mot foyer.

Elle sautait du train. Léon, l’ayant reconnue, s’était précipité. Ils échangèrent un baiser sur les joues, vraiment amical et gentil. Et, parmi l’affairement des voyageurs, tout en se préoccupant de la valise et du reste, ils se mirent à parler ensemble, interrogeant simultanément sans attendre de réponse :

— Comment vont les enfants ?… Comment va la maison ? — As-tu fait bon voyage ?… Et ta mère ? Tu vois si j’avais raison !… — Les petits sont-ils déjà couchés ?

Oui, les petits sont déjà couchés. Il est près de minuit. L’omnibus de l’Hôtel de France ramène les époux Chardier chez eux. Et, comme ils entrent dans le couloir, une silhouette mince se dresse derrière celle de la grosse Modeste accourue au bruit des roues.

— Comment !… Tu n’es pas couché !… s’écrie Léon Chardier.

Léon, l’aîné, s’avance vers sa mère, et, d’une voix boudeuse qui mue déjà :

— Bonsoir, maman !

Sans empressement, il offre son front au baiser


12.