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IV

En famille


Quand le train entra en gare dans la nuit, Isabelle, d’un geste nerveux, essuya ses yeux meurtris, réunit sa valise, son petit sac, son parapluie. Elle savait que Léon était là, parmi le clair-obscur chargé de feux rouges, et qu’il guettait certainement depuis un moment ce train qui lui ramenait sa femme.

Elle l’aperçut sur le quai, clignant des yeux, dévisageant les rares voyageurs qui descendaient. Et, tout à coup, elle eut un sentiment réconfortant, celui d’être attendue, d’être accueillie. Peut-être, pendant une seconde, aima-t-elle son mari. En somme, elle revenait du pays veuve de son passé comme elle était veuve de son amour, veuve de tout. Mais au moins elle avait un homme à elle, qui, malgré l’heure tardive, l’attendait là, patiem-