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Comme tout le monde

représente le maître de l’avenir, une sorte de dieu qui sait tout, qui vous apprendra tout !

Lui, pauvre jeune homme, fait simplement, alors, son devoir de fiancé. Sans doute est-il assez amoureux de sa future femme, première vierge qu’il courtise. Mais le fond de sa pensée est si raisonnable ! Il songe surtout au foyer qu’il va fonder. Ne va-t-il pas « enterrer sa vie de garçon » ?

Le foyer ! Il faut vraiment que l’homme en ait un goût bien vif. Pourquoi, libre, se marierait-il ? Il se marie, en somme, pour s’enchaîner. Mais la jeune fille, elle, se marie pour se libérer. Ainsi, le mariage, pour l’homme, est une fin ; pour la femme, un commencement. Fin de l’aventure masculine d’une part, commencement de l’aventure féminine de l’autre. Or, cette différence, dès les premiers jours, creuse, entre les époux, un fossé. C’est pourquoi le cœur des jeunes épouses, en attente du merveilleux qui ne vient point, se serre chaque jour davantage, tandis que celui des jeunes époux se veut toujours plus assoupir dans le bon repos du mariage.

Arrive l’enfant. Isabelle, à ce moment, a retrouvé ce fort battement du cœur en attente de joie. Son désir d’être mère abolissait toutes les gênes de la grossesse ; et l’horreur de l’accouchement a passé si vite ! La voici mère. Elle va rejeter sur la petite