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Comme tout le monde

sa mère qui, sur ce ton acerbe, lui reproche tout, depuis sa robe, qu’elle trouve trop élégante, jusqu’à sa faiblesse pour le petit Louis, jusqu’à ce voyage inutile et dispendieux ?

Un soir, la querelle éclate. Madame veuve Quetel, enfin, vient d’aborder la question qui, depuis tant d’années, occupe son esprit : l’argent qu’elle a jadis avancé.

Puisque les affaires de Léon vont si bien, puisque Isabelle fait tant de dépenses, ne pourrait-on pas rendre à la veuve au moins une partie de l’argent qu’elle a prêté ?

— Mais, maman, dit naïvement Isabelle, Léon a déjà pu rendre à son frère. Ton tour viendra aussi un jour !

Et voici que madame veuve Quetel bondit. Léon a rendu l’argent du frère avant de lui rendre son argent à elle ?

Des mots suivent, des mots, les misérables mots qui créent du malheur autour des êtres, aussi sûrement que les accidents, les catastrophes, la maladie ou la mort.

Au bout d’une heure agitée où cette mère et cette fille se disputent comme deux dames ennemies, Isabelle, suffoquant d’indignation, exhale dans un cri sa rage contre sa mère, contre le pays, contre tout :


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