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Comme tout le monde

pour chasser ses rêves. Demandait-elle vraiment à la destinée la mort de son mari ? Léon, sans la voir, remuait son journal ; ou bien, selon son tic familier, il mordillait sa moustache. Et une telle crispation tordait les nerfs de la petite femme qu’elle aimait mieux se lever brusquement et sortir de la chambre.


Au bout d’un mois, quelques jours avant les grandes vacances qui devaient ramener Léon, l’aîné, chez ses parents, Isabelle partit pour aller voir sa mère.

Elle était, depuis quelque temps, vraiment trop triste. Il lui fallait absolument une diversion à cet insoutenable état de désespoir. Léon lui-même avait consenti volontiers à ce que sa femme fit ce voyage depuis si longtemps désiré. Le petit Louis était assez grand pour qu’on le confiât à sa sœur, à son père, à sa bonne. Léon, l’aîné, devait arriver dans quelques jours. Isabelle, sans scrupules, pouvait contenter sa longue envie. Et puis, les affaires prospéraient. La dépense, après tout, n’était pas si grande.

Joie douloureuse du retour vers la ville natale, vers le foyer natal, quand on les a depuis trop long-