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Comme tout le monde

la mort de son mari, tenait une pension de famille pour les Anglaises de condition modeste qui habitent cette côte. C’est pourquoi des petites Anglaises élevées avec elle ont été, pour Isabelle, comme des sœurs. Charmantes promenades au bord de la mer ou dans les chemins creux du printemps et de l’automne, jolies chansons, contes, légendes, toute la féerie de l’enfance britannique a mis dans l’âme quelconque d’Isabelle un petit trésor de poésie. D’ailleurs, son père, marchand de bois du Nord, dont elle se souvient à peine, était, paraît-il, un « original ». Il aimait les livres et les arts. De lui, sans doute, Isabelle tient son goût de la musique et cette jolie voix qu’elle a, cultivée à peine par quelques mauvaises leçons de chant données, alors qu’elle était jeune fille, par une des pensionnaires de sa mère.

Isabelle, dans ce wagon qui l’emporte, sourit maintenant, de loin, à son enfance heureuse, qui semblait si bien être un départ pour le bonheur.

… Le bonheur ! N’a-t-elle pas cru le voir arriver pour bouleverser sa vie maussade de jeune fille, quand, après les allées et venues d’une vieille amie de sa mère, le jeune Léon Chardier, premier clerc d’avoué dans la ville proche, est venu lui faire la cour, puis la demander en mariage ? On lui avait dit : « Il est licencié en droit », et ce mot représentait, pour elle, toute la science et toute la