Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
Comme tout le monde

et pourtant je n’étais guère plus grande que ce petit garçon, qui s’endort là, bercé par mon pied régulier. Les ombres s’accumulaient dans les coins de la chambre, le miroir ovale, au-dessus de la commode, me faisait peur. Une inquiétude régnait sur les choses. Le mystère des contes et des légendes était autour de moi. Mes yeux effarés regardaient, dans je ne sais quelles limbes, se mouvoir des formes tristes. Que de peur, de silence et d’énigme s’engouffrait dans ce petit être que tu avais fait, maman, et que tu berçais sans savoir ! Maintenant, je suis aussi grande que toi, je sais ce que tu sais, je berce comme tu as bercé.. Mon enfant, plus tard, se souviendra-t-il de ma voix comme je me souviens de ta voix ? »

Isabelle rêve, l’enfant s’endort, le poupon repose. Et doucement, enveloppée de silence, la petite mère ralentit le rythme de son pied berceur ; sa tête lasse tombe sur sa poitrine. Le sommeil aussi l’a prise.

Or, comme elle goûte ce petit repos réparateur après des fatigues incessantes, fatigues de jour, fatigues de nuit, voici que la porte est doucement poussée. C’est mademoiselle Zozo qui s’ennuie en bas et qui cherche sa mère, comme un poussin cherche sa poule. Elle considère un instant en silence la figure endormie, puis, apeurée par tant