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Comme tout le monde

de lui donner le sein n’excluait en rien les ennuis ménagers.

Puis mille petits événements désagréables arrivaient déjà dans la vie du nouveau-né, qui faisaient pleurer la jeune mère énervée.

L’enfant tétait mal, ou bien il avait « le muguet » dans la bouche, ou bien des rougeurs sur le corps. Il arrivait qu’en le pesant le matin dans la balance de cuisine, au sortir de sa baignoire de poupée, on constatait qu’il n’avait pas assez augmenté.

Ensuite, Isabelle eut des crevasses aux seins. Après la souffrance capitale de l’accouchement, un nouveau supplice, chose aiguë, martyrisante, renouvelée à chaque tétée

Dans les coins, Léon et sa belle-mère se mordaient les lèvres pour ne pas se dire de choses blessantes devant l’accouchée. On entendait en bas hurler subitement le petit lion, giflé par Zozo, ou bien se disputer la bonne avec la femme de ménage.

Isabelle tendait l’oreille et guettait les visages. Une impatience de se lever pour remettre sur pied sa maison désorganisée la rendait irritable, difficile à soigner. Une dangereuse électricité chargeait l’atmosphère.

Mais parmi ce tohu-bohu d’agacements, d’inquié-