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Comme tout le monde

instant où elle en voulait à Léon de sa longue scène à table. Du reste, elle en voulait à Léon parce qu’elle était dans ses torts.

Elle se dit qu’elle ne sonnerait même pas et reviendrait chez elle en déclarant qu’elle n’avait trouvé personne. Mais, comme elle approchait de la grille du château, l’auto des Taranne la rejoignit et l’une des gouvernantes du petit Élémir montra sa tête à la portière.

— Madame la marquise est justement au château, dit-elle, devinant qu’Isabelle venait en visite.

Il fallut bien entrer. Isabelle était prise au piège.


— Mais enfin, que fairre ?…

La marquise, vêtue d’une robe d’intérieur drapée, blanche, regardait Isabelle de ses longs yeux foncés et changeants, un peu retroussés comme le sont presque toujours ceux des Hongroises. Pâle et fraîche sous sa lourde coiffure de nattes noires, elle était assise sur le divan du petit salon ancien, exquis et luxueux, où l’on avait fait entrer Isabelle. Celle-ci, face à face avec la femme de son amoureux, perdait toute contenance, retrouvait ses rou-