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XIII

La tragique sœur de lait


Maintenant, elle promenait à travers la morne vie provinciale sa personne écœurée, souffrante. Les dames de la ville, informées, complimentaient la petite femme avec un regard potinier du côté de sa taille. Pourtant « cela ne se voyait pas encore ». Ce n’étaient que les premiers mois, défaillances, envies subites, bizarreries de caractère. Le chaos féminin triomphait en Isabelle. Son corps, possédé par l’enfant futur, menait son âme. En cet état normal, la femme devient étrangement anormale. Il y en a qui, pendant la grossesse, font montre d’une inattendue méchanceté, d’une folie qui n’a vraiment rien à voir avec leur esprit ordinairement raisonnable.

Isabelle n’était pas méchante, mais simplement nerveuse, à moins qu’elle ne tombât en langueur