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Comme tout le monde

et l’on eût dit que son cœur frappé battait maintenant dans toute sa personne, depuis sa tête jusqu’à ses pieds.

Elle put enfin dire :

— Mais, si je ne viens pas tous les jours, c’est que je ne peux pas… Sans ça !…

Elle se tut brusquement. Elle venait aussi de faire son aveu. Ses joues un peu pâles devinrent roses, et le marquis en fut enhardi. Sa main, doucement, prit le coude d’Isabelle. Ils marchaient à présent sous les pins. Au-dessus d’eux, le bruit du vent dans les aiguilles vertes s’enflait et diminuait comme un orchestre sans notes.

— Je voudrais tant vous voir seule… souffla le marquis.

Et son haleine très proche fit voler des petits cheveux contre l’oreille d’Isabelle.

— Est-ce que je ne pourrai jamais vous voir seule ?… reprit-il, tandis que ses doigts serraient plus fort le coude qu’ils emprisonnaient.

Isabelle baissait les yeux. Elle les releva pour regarder autour d’elle, inquiète de se sentir isolée, puis ne put s’empêcher de tourner son regard vers celui du marquis, et ce fut comme si leurs âmes venaient de se toucher.

— Dites… continuait-il, dites ?… Voulez-vous que nous nous voyions seuls ?…