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Comme tout le monde

surgir d’un groupe léger de pins frileux et venir à elle chapeau bas, main tendue.

— Bonjour… dit-elle tranquillement.


Pendant qu’il lui baisait la main, son coup d’œil gris avait tout de suite glissé sur Zozo, et l’on eût dit qu’Isabelle, soudain, l’intimidait. Tandis qu’elle souriait déjà, pleine d’aisance, s’extasiait sur la vue, pirouettait sur ses talons, il restait silencieux et gêné. Il semblait que des paroles préparées demeurassent derrière ses lèvres et qu’il ne sût plus maintenant quoi dire.

Isabelle ne vit pas tout cela, pas plus qu’elle ne voyait, en réalité, le paysage. Ce qu’elle voyait, c’était la haute stature du marquis, ses yeux fins, sa belle moustache tombante, presque brune, sa tempe un peu desséchée, où la racine des cheveux se montrait toute blanche, sa belle main gauche, nerveuse et veinée, qui tenait le gant enlevé et la petite canne à tête d’argent. Il était là près d’elle, avec tous les détails émouvants de sa personne, portant sur lui la marque de sa race, marque assez indéfinissable où, malgré la confusion générale des castes, on reconnaît encore aujourd’hui les aristocrates authentiques français aussi immanquable-


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