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Comme tout le monde

Il faut que le marquis soit tout à l’heure dans le petit chemin… et il y sera.


Isabelle sortit, comme chaque jour, accompagnée de la petite bonne poussant la voiture et de Zozo. Il faisait beau. Le froid sec était revenu. Les arbres crochus et noirs, confits dans le givre, brillaient au soleil. La terre était sonore sous les pas. Le souffle, devenu visible, jaillissait des bouches entr’ouvertes comme une petite fumée.

Quand on fut sorti de la ville, au moment de prendre la route Sainte-Marie, Isabelle s’arrêta d’un air décidé, et, sur le ton péremptoire, dit à la servante :

— Continuez avec le petit, Julia. Moi, je vais emmener Zozo faire une nouvelle promenade. Mais ce sont de mauvais chemins pour la voiture.

Vite elle tourne les talons, emportant, dans le vent de sa jupe, mademoiselle Zozo, qui questionne sans obtenir aucune réponse.

Isabelle est comme la plupart des femmes. Elle n’a aucun sens de l’orientation. Cela nous vient de l’atavisme, sans doute, comme tant d’autres choses. Notre race se souvient encore jusqu’à présent du temps où, vêtus de peaux de bêtes, les hommes