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Comme tout le monde

— Peut-être vous y rencontrerai-je un jour ?… conclut-il sur un ton nonchalant.

Puis, tout de suite, il reprit le thème des chasses. Ensuite ce furent les voyages. Alors Isabelle découvrit qu’il connaissait son pays à elle, sa côte, sa ville. C’était trop de joie, vraiment. Ils nommèrent ensemble des rues, des routes, même de vieilles gens de là-bas, à qui le marquis avait parlé.

Ce ne fut qu’au jour baissant qu’Isabelle s’aperçut qu’elle était au château depuis plus d’une heure. Confuse mais plus du tout embarrassée, elle s’excusa.

— La marquise ne rentre pas… dit-elle, et voici très longtemps que je suis ici.

Son rire léger sonnait. Elle reprit son parapluie, son petit sac, son manchon. Et, comme elle se retournait sur la première marche du perron, tendait, pour le shake-hands, sa main gantée, le seigneur grisonnant, mince et long s’inclina dans l’ombre et lui baisa le bout des doigts.


Sur la route du retour où le crépuscule orangé gagnait les horizons pluvieux, Isabelle marchait très vite, comme si ce pas pressé continuait un élan donné.