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Et les coups redoublaient sur le dos de ces braves,
Qui marchaient, en priant tous bas, tristes et graves ;
Entre les talus verts, dans les sentiers herbeux,
Dans les grands chemins noirs piétinés par leurs bœufs,
Où naguère passaient, sur leurs charrettes pleines,
Les gerbes du froment qu’ils fauchaient dans ces plaines.
Leur pauvre cœur saignait en songeant au passé…

Soudain l’on déboucha près du Bas-Briacé,
Humble hameau, blotti dans un bouquet de chênes ;
Nid de fleurs et de joie avant ces jours de haines…
Un des Chouans pâlit et son œil se voila ;
En face, à trois cents pas, sa chaumière était là !…
Le berceau des aïeux, le toit qui le vit naître !…
Et derrière l’auvent qui cache la fenêtre,
Son père est là, sa sœur, sa femme, son enfant,
Toute sa vie !… En longs sanglots son cœur se fend…

Et les Bleus ricanaient : « Lâche et canaille, il pleure !…