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ALGÈBRE.

que l’analyse avoît faits dans les vingt ans écoulés entre les deux éditions ; mais, compris dans les proscriptions qui, sous le régime de la terreur, pensèrent anéantir les savans pour faire disparoître les sciences, Cousin revît son ouvrage dans le tumulte des prisons, et près de monter à l’échafaud. C’est sans doute une grande marque de courage personnel dans ce savant recommandable, que d’avoir pu s’occuper de pareils objets dans l’attente journalière de la mort, et au milieu des adieux si répétés et si touchans de ses compagnons d’infortune.

Le même exemple de fermeté fut donné, à-peu-près dans le même temps, par un autre géomètre distingué ; car on sait à quelle époque Condorcet écrivit son Arithmétique, ouvrage très-nouveau pour la forme, et son Esquisse des progrès de l’esprit humain, qui montre que les scènes horribles dont il fut le témoin et la victime, n’avoient pu lui faire abandonner l’espérance, ou peut-être l’illusion chère à tout cœur honnête, que rien ne peut limiter la propagation des lumières, et les moyens de bonheiir qu’elles doivent un Jour procurer aux hommes.

Le degré de perfection qui manque à l’ouvrage de Cousin, se trouve dans le second volume des Élément d’algèbre publiés en 1793 par M. Paoli, professeur ; à Pise, et l’un des hommes les plus distingués, parmi ceux : qui cultivent les mathématiques içn Italie.

Cet excellent abrégé de calcul différentiel et intégral présente, dans un ordre bien méthodique, très-souvent la substance et presque toujours l’indicatiion des méthodes les plus récentes alors ; et le troisième volume, publié en 1804 avec un mérite semblable, se recommande encore

Sciences mathématiques.                                                            K