Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée
6
DISCOURS

Méchain et Delambre furent chargés de ce travail, que les circonstances rendoient si difficile. Leurs opérations ; toujours contrariées, long-temps suspendues, commencèrent en 1792 et ne finirent quen 1799. Ils mesurèrent en cinq endroits différens ia hauteur du pôle et la direction de la méridienne. Leurs triangles s’étendirent de Dunkerque à Barcelone. Delambre, en outre, mesura deux bases de 12,000 mètres chacune ; et, malgré l’intervalle de 700,000 qui les sépare, elles s’accordèrent à trois décimètres.

Cette précision, presque incroyable, étoit due en partie sans doute au soin des observateurs, mais sur-tout au cercle de Borda, qui, par la multiplication des angles, anéantit les erreurs de division et d’observation ; elle étoit due à la construction ingénieuse des règles métalliques imaginées par ie même géomètre, et aux soins qu’il avoit donnés à leur vérification.

On connut exactement dix degrés du méridien ; Méchain avoit entrevu la possibilité d’y ajouter deux degrés nouveaux, en conduisant ses triangles jusqu’aux Baléares. L’exécution de ce projet, qui depuis lui coûta la vie, vient d’être reprise par deux jeunes astronomes pleins de talens et de courage (MM. Biot et Arago), qui la continuent en ce moment, et la termineront cet hiver.

La perte de Méchain, si vivement sentie par tous les savans, laissa son collègue seul chargé de tous les calculs, et de la rédaction de l’ouvrage qui devoit contenir toutes les pièces justificatives. Il a mis ses soins à publier les observations avec la plus grande fidélité, à exposer toutes les formules de réduction, à les démontrer d’une manière