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ASTRONOMIE.

égal, et par conséquent à même distance du Soleil. Ces deux circonstances réunies lui firent soupçonner que ces deux planètes imperceptibles, et hors de toute proportion avec les planètes connues, dévoient être des fragmens d’une ancienne planète de grosseur ordinaire, et qu’une cause inconnue avoit pu diviser en différens morceaux, qui auroient continué de se mouvoir avec la même vitesse et à la même distance. Quoi qu’on puisse penser de cette idée, qui n’est fondée sur aucun principe ni sur aucun fait certain, et à laquelle la théorie des mouvemens célestes pourroit même opposer quelques objections, on ne peut disconvenir au moins qu’elle ne soit fort ingénieuse ; et les suites heureuses qu’elle a produites, font que nous n’avons qu’à féliciter l’astronome qui l’a conçue, et qui l’a prise pour base de recherches très-pénibles et non moins heureuses.

Cette similitude de dimensions, de mouvemens et de distances, a fait conjecturer à M. Olbers que toutes les orbites de ces fragmens planétaires pouvoient bien avoir une inclinaison un peu différente avec l’écliptique, ce qui pouvoit être un des effets du choc et de l’explosion qui les avoient séparés ; mais qu’ils dévoient conserver une intersection commune avec le plan primitif, des nœuds communs, c’est-à-dire, des points où toutes ces orbites dévoient se couper, et où ces planètes dévoient passer une fois dans chaque révolution. Il restoit à déterminer ces points, et le problème n’offrit plus aucune difficulté, dès qu’on eut acquis une connoissance exacte des orbites de Cérès et de Pallas. M. Olbers trouva que ces points opposés étoient, l’un dans la Vierge, et l’autre dans la Baleine.

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