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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

que M. Herschel, en faisant part aux astronomes de sa découverte singulière, ne leur parloit cependant que d’une comète, mais sans nébulosité, sans queue, c’est-à-dire, sans aucun de ces signes auxquels on reconnoît une comète. Le calcul ne tarda pas à montrer que cet astre étoit à une distance considérable ; et le président Saron, de l’Académie des sciences, en fit la première remarque : il plaçoit Uranus à une distance au moins douze fois aussi grande que celle de la Terre au Soleil. On a su, depuis, que la distance est d’environ vingt fois le rayon de l’orbite terrestre ; et l’on demeura persuadé que s’il existoit encore d’autres corps dans le système solaire, ils dévoient être à une distance telle, qu’il seroit bien difficile de les apercevoir, et qu’ils ne nous seroient par conséquent que d’une utilité fort douteuse.

Un hasard extrêmement heureux, mais préparé par un travail immense, fit apercevoir à M. Piazzi, le 1er janvier 1801, une étoile inconnue, que, d’après son habitude constante, il voulut observer plusieurs jours de suite pour en mieux constater la position. Il en fit deux autres observations ; mais la troisième étoit incomplète. Il reconnut un mouvement, et soupçonna une planète nouvelle. Pour vérifier ce soupçon, il comptoit suivre assidûment le nouvel astre : une maladie dangereuse, causée par un travail excessif, manqua faire périr l’astronome avec sa découverte. Quand il fut rétabli, la planète, qu’il nomma depuis Cérès, avoit disparu dans les rayons du Soleil ; le peu d’observations qu’il en avoit, ne suffisoît pas pour donner une orbite assez sûre : la planète est presque imperceptible ; elle étoit donc très-difficile à retrouver. M. Piazzi

communiqua