Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/180

Cette page n’a pas encore été corrigée

0 4 ASTRONOMIE MODERNE.

nomes lui supposent un mouvement, mais nous montrerons que ce mouvement même appartient à la Terre. Au-dessous est la sphère de Saturne dont la révolution est de 3o ans ; après lui Jupiter qui fait le tour du ciel en 12 ans; Mars qui fait le sien en deux ans, puis la Terre dont le tour est d’un an; Vénus qui fait le sien en neuf mois; enfin Mercure dont la révolution n’est que de 88 jours. » Au milieu réside le Soleil, pour qu’il puisse tout éclairer. La Terre est de plus éclairée par la Lune qui tourne autour d’elle. Cet ordre présente une symétrie admirable, une relation de mouvemens et de grandeurs; Copernic aurait pu ajouter une simplicité qu’on ne trouve dans aucune autre hypothèse, et que personne jamais n’a contestée. Il explique pourquoi les arcs de rétrogradation sont plus grands dans Jupiter que dans Saturne, et plus petits que dans Mars, et même pourquoi ils sont plus grands dans Vénus que dans Mercure. Il rend raison de la proximité des planètes supérieures dans les oppositions. C’est alors que Mars paraît égaler Jupiter, dont il ne se distingue que par la couleur, tandis que vers ses conjonctions, on a peine à le distinguer parmi les étoiles de seconde grandeur. Tous ces phénomènes dépendent du mouvement de la Terre. On ne voit rien de semblable dans les fixes, a cause de leur extrême distance, pour laquelle le mouvement de la Terre s’évanouit. La scintillation des étoiles fixes indique assez qu’il reste un assez grand espace entre Saturne et les fixes; c’est ce qui les distingue des planètes, « car il dit qù il existe une différence sensible entre les corps mus et les corps immobiles. »

A l’exception de celte dernière phrase, ce chapitre surpasse tout ce qu’on avait écrit sur le système du monde; il assure à son auteur une gloire immortelle. Mais que des réflexions qui paraissent si naturelles et si simples n’aient jamais été faites ou rassemblées, c’est ce qui serait plus étonnant même que la découverte de Copernic, si l’on ne connaissait l’empire des préjugés. Avant Copernic, on avait fait tourner Vénus et Mercure autour du Soleil; pourquoi jamais aucun astronome, aucun philosophe n’a-t-il étendu cette idée aux trois planètes supérieures ? où était la difliculté? Mais Hipparque ayant tout à créer, les positions des fixes, l’inégalité du Soleil et celles de la Lune, la Trigonométrie, les projections, la théorie des éclipses, celle de la précession, a été trop constamment occupé de ces détails indispensables, pour songer à l’ensemble pour lequel il n’avait pas de données suffisantes, puisque la théorie des planètes était encore dans son enfance. Ptolémée serait moins