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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

détermina assez exactement la quantité ; il entrevit la quatrième équation de la longitude, mais sans en pouvoir fixer assez précisément ni la loi ni la quantité ; il laissa à ses successeurs une série régulière d’observations de toutes les planètes ; il les avait amassées dans l’intention de composer de nouvelles tables et de prouver l’excellence de son système, et Képler en fit un usage bien plus heureux pour établir à jamais le système de Copernic. Comme observateur, Tycho s’éleva fort au-dessus de tous ceux qui l’avaient précédé. À ce titre, joignez ses recherches théoriques sur la Lune et les comètes, et son nom vous paraîtra digne d’être placé à la suite de ceux d’Hipparque, Ptolémée et Copernic. Il avait fait tout ce qu’on pouvait se promettre de lui, lorsqu’une persécution, dont les causes ne sont pas bien connues, le priva des faveurs de la Cour, le força de s’expatrier et de se réfugier à Prague, où il mourut bientôt après. Lalande a voué à l’infamie et à l’exécration de tous les âges le ministre Walchendorp, qu’il cite comme le principal auteur de cette persécution. Tycho, dans le récit qu’il nous en a laissé, dans les vers où il a exhalé ses plaintes, ne nomme aucun de ses ennemis. Leurs fureurs odieuses ont, contre leur intention, produit un effet qui, sans les excuser, a tourné au profit de la science. Si Tycho fut resté dans son île, jamais Képler ne se fut rendu à ses invitations ; nous n’aurions certainement pas la Théorie de Mars, et nous ignorerions peut-être encore le véritable système du Monde.

Les astronomes, et Copernic lui-même, s’inquiétaient fort peu des causes physiques ; il leur suffisait de pouvoir imaginer une hypothèse qui pût servir de fondement à leurs calculs, et leurs prétentions n’étaient rien moins qu’exagérées. Copernic disait à Rhéticus, que si jamais il parvenait à représenter à dix minutes près les mouvemens célestes, il se croirait aussi heureux que l’avait été Pythagore, en trouvant le carré de l’hypoténuse. Képler ne voulut rien admettre sans en connaître la cause, et c’est uniquement pour faire disparaître une erreur de huit minutes qu’il fut conduit à changer toute l’Astronomie. Il commença par se demander pourquoi les planètes étaient au nombre de six et pas davantage, et quelle raison avait déterminé les rapports qu’il remarquait entre les distances, du moins dans le système de Copernic, car, dans le système ancien, ces rapports sont indéterminés. Pour satisfaire à ces idées d’ordre et de proportion, il crut qu’il manquait une planète entre Mars et Jupiter, et une autre entre Mercure et Vénus. Il crut voir ensuite que les six planètes connues laissaient entre elles cinq intervalles qui