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DE GÉOLOGIE.

y trouvons. Elles les y déposaient de la même manière que les lames de la mer, glissant sur une côte basse, viennent porter quelquefois à plusieurs milles, dans l’intérieur des terres, des sables dont le flot s’est chargé en commençant à se mouvoir. Mais lorsque la vague trouvait quelque obstacle à son développement, lorsqu’elle rencontrait les montagnes primordiales, l’impulsion pouvait la faire remonter très-haut ; et par l’impétuosité du choc, le jaillissement des eaux pouvait porter jusqu’à deux mille toises d’élévation les matières qu’elles contenaient. De telles marées, agitant les mers jusques dans les fonds de leurs bassins, communiquaient leurs mouvemens à tous les corps mobiles, et les eaux chargées de toutes les matières, qu’une violente agitation pouvait y tenir. suspendues, les charriaient avec elles en envahissant nos continens.

« Sans prétendre nier le séjour paisible de la mer sur nos continens, je ne vois pas la nécessité de l’admettre, puisque je ne conçois pas comment un pareil séjour aurait pu influer efficacement sur l’état de dégradation dans lequel nous les trouvons. La nature demande au tems les moyens de réparer les désordres ; mais elle reçoit du mouvement la puissance de bouleverser.

« Je le répète, dit-il page 406 ; sans le poids de toute la masse des eaux, augmenté par l’accélération de leur chute, je ne connais point de puissance capable de creuser nos gorges, de transporter à de grandes distances des masses cent fois plus grosses que le rocher de Pétersbourg. Sans la marche d’une partie des eaux de l’océan, je ne sais comment ouvrir nos vallées en faisant occuper leur capacité par des eaux courantes, ni comment isoler des montagnes, dont les bancs horizontaux annoncent des dépôts d’une grande extension.