de telle sorte que long-tems après, quelques pêcheurs tiraient encore de leurs filets des châpitaux de colonnes, qui marquaient que cette mer couvrait des ruines de ville. Les lieux les plus élevés de l’île servirent seuls de refuge contre ce débordement. Par là il est clair que la Samothrace a été habitée avant le dernier de nos déluges ».
Ces derniers mots de Diodore, avant le dernier de nos déluge. prouvent que les anciens reconnaissaient plusieurs déluges successifs.
Il paraît, par ce passage de Diodore, que le déluge de la Samothrace, ou île de Samos, fut produit par l’irruption de la mer Noire, qui s’ouvrit un passage par le détroit de l’Hellespont, pour se verser dans la Méditerranée. Cette irruption fut prompte, et exhaussa momentanément les eaux, jusqu’à ce qu’elles furent mises de niveau avec celles de cette dernière mer. Toutes les basses terres furent donc inondées, soit du côté de l’Asie, soit du côté de l’Europe, ainsi que les îles nombreuses qui sont dans ces contrées.
Enfin, toute la côte d’Afrique fut également submergée ; c’est à cette époque qu’on doit attribuer un des déluges d’Égypte. La Méditerranée dut communiquer avec la mer Rouge, et peut-être avec le sein Persique.
C’est peut-être à cette époque qu’elle s’ouvrit un passage dans l’Océan, par les colonnes d’Hercule, ou détroit de Gibraltar.
Tournefort, dans son voyage au Levant, rapporte un grand nombre de faits, qui prouvaient que la mer Noire était séparée de la Méditerranée, au détroit des Dardanelles. Elle brisa cette digue, fit une irruption qui inonda toutes les côtes, et s’éleva jusqu’au sommet des plus hautes montagnes de la Samothrace.