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la surface primitive du globe était à peu près plane, qu’elle s’est affaissée, et a formé les montagnes.

Ils appuient cette supposition sur la disparition de la grande île atlantique dont les prêtres d’Égypte parlèrent à Platon. L’affaissement d’une île aussi étendue a dû produire dans les eaux des mers de grandes secousses, en abaisser considérablement le niveau, et causer d’immenses bouleversemens à la surface des continens.

Je réponds :

a. L’exactitude de ce récit des prêtres d’Égypte n’est appuyée sur aucune preuve.

b. En le supposant vrai, nous ignorons l’étendue de cette île, et les circonstances de cet affaissement.

c. En le supposant même tel que Platon le rapporte, l’affaissement d’une île semblable ne pourrait produire qu’un très-petit abaissement des eaux de toutes les mers. Platon dit qu’elle avait l’étendue de la Lybie et de l’Asie mineure. Nous ignorons quelle était cette étendue des contrées dont il parle, mais supposons-lui une surface de 260,000 lieues carrées, c’est-à-dire, égale à un centième de tout le globe : car sa surface est de près de 26,000,000 lieues. Cette île aurait donc eu dix fois environ plus d’étendue que la France, dont la surface est de 27,000 lieues carrées. Supposons qu’elle se soit abaissée de 300 pieds. Cet affaissement n’aurait produit dans les eaux des mers qu’un abaissement de six pieds : car dans cette hypothèse, la surface des mers, qui est à peu près la moitié de celle de tout le globe, serait cinquante fois plus étendue que celle de cette île. Or une diminution subite de six pieds dans le niveau des mers, ne produirait qu’un très-petit effet.

Et cependant nous avons tout exagéré : car on ne peut supposer une île dix fois grande comme la France, s’affaisser subitement