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LEÇONS

du Mont-Blanc, toutes les hautes sommités-des Pyrénées, sont déchirées de tous les côtés, et ont perdu une grande partie de leur élévation et de leurs masses par ces causes très-actives, et elles en perdent journellement. Les Cordilières, les Altaï, les Ourales, les Valdaï… présentent partout les mêmes phénomènes.

Les observateurs voyageurs rapportent avoir souvent été témoins de la chute d’une grande quantité de ces débris, qui éboulent les uns sur les autres, avec un bruit qui retentit au loin, et se répète mille fois dans les vallées profondes… La hauteur des montagnes en est singulièrement diminuée…

Tous ces débris sont ensuite emportés par les eaux courantes ; elles en déposent une partie sur leurs rivages et dans les plaines, l’autre est transportée jusques dans le sein des mers et des lacs, qui en sont comblés.

Enfin, quelques masses trop considérables n’ont pu être emportées par les eaux courantes ; elles sont encore aujourd’hui amoncelées en grand tas sur les croupes des montagnes. Telle est l’origine de ces blocs énormes de granits, de porphyres… qu’on voit à plusieurs endroits sur les flancs des montagnes primitives. Leur volume était trop considérable pour que les eaux aient pu les entraîner ; mais elles ont emporté les terres et les pierres moins pesantes qui les environnaient.

Je connaîs auprès de Thiers, en Auvergne, un bloc isolé, de granit, de dix à douze pieds de hauteur, et qui peut avoir plus de mille pieds cubiques. Il repose sur une autre masse granitique, et il s’y trouve dans une situation telle, qu’avec le moindre effort on le fait balancer, c’est pourquoi, en langage du pays, on l’appelle la pierre qui danse. Il repose sur un seul point très-étroit, qui lui sert de pivot, et qui est à peu près au centre de la masse, tellement qu’une impulsion très-faible le fait vaciller malgrè son énorme pesanteur.